Wednesday, 25 January 2012

Un rite caucasien : le toast (хъуэхъу)

Un rite caucasien : le toast (хъуэхъу)
Les peuples du Caucase ont le goût de la fête et préparent d’interminables banquets où il est de tradition de porter de nombreux toasts. Jadis on pratiquait des invocations et des incantations pour apaiser les pussances invisibles. L’habitude s’est établie de prononcer des toasts dans toutes les grandes occasions. Une personne respectable est désignée comme ordonnateur des cérémonies (c’est le tamada, тхьэмадэ) et chacun des convives, à tour de rôle porte des toasts selon un cérémonial bien établi, en commençant par les aînés. Il y a deux sortes de toasts : ceux adressé à une divinité du panthéon tcherkesse et ceux, peut-être plus anciens qui expriment des souhaits ou des vœux à diverses occasions. Apprendre à prononcer un toast fait partie de l’éducation des jeunes. Si quelqu’un est l’objet d’un toast, il se doit de rendre la pareille. Un toast ne doit pas durer trop longtemps et devenir un discours mais la multiplicité des toasts prononcés au cours d’un banquet peut le faire durer des heures.

Le toast suivant, très populaire, est prononcé durant la cérémonie de mariage (нысашэ).
Le tamada peut introduire son toast en disant :
нобэ мы нысашэ джэгур зей унагьэум сохъуэхъу.
ce qui signifie : aujourd’hui, j’adresse mon toast à ce foyer que l’on fête en ce jour béni

НЫСАШЭ ХЪУЭХЪУХЭР:
«ДИ НЫСЭ ФО!»
(notre chère belle-fille)

Нысэ цIыкIу къатшэр:
La jeune belle-fille que nous accompagnons

Фадэм хуэдэу Iущащэу,
Qu’ellle murmure comme une douce liqueur

Мэлым хуэдэу Iущабэу,
Qu’elle soit douce comme une brebis

Джэдым хуэдэу быныфIэу,
Qu’elle ait de nombreux rejetons comme une poule

ХьэфIым хуэдэу Iумахуэу,
Qu’elle ait une bouche de velours comme un chien à
pedigree

ШыфIым хуэдэу цIэрыIуэу,
Qu’elle soit célèbre comme un pur-sang

Жыхапхъэр илъэфу,
Passant le balai sur le plancher

Унафэм едаIуэу,
Obéissante aux ordres,

ГуащэкIэ Iэсэу,
Qu’elle s’entende bien avec sa belle-mère

ПщыкъуэкIэ гумащIэу,
Qu’elle ait bon cœur avec son beau-frère

Унэр игуу,
La maison est son cœur

ЛIыр и псэу,
Son mari est son âme

Ди нысэмрэ ди щауэмрэ
Que nos deux jeunes mariés

Фомрэ цымрэ хуэдэу зэкIэрыгъапщIэ,
soient collés entre eux comme des cheveux dans le miel

Дунейм фIыгъуэкIэ тегъэт!
Puissent-il trouver la prospérité dans ce monde !

From the book: Parlons tcherkesse: dialecte kabarde (L'Harmattan, 2009), Amjad M. Jaimoukha and Michel Malherbe

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[1] Une femme tcherkesse n’appelle jamais ses beaux-parents, son mari ou ses beaux-frères par leur prénom. Pour ces derniers, elle emploie des surnoms (пщыкъуэцIэ) pour parler d’eux comme, par exemple, ДыгъэцIыкIу, petit soleil, Cette apellation n’aétait connue que de la famille. Jadis on disait : ‘ПщыкъуэцIэ мыхъуамэ, къыджеIэ щэхур!’, dites-nous votre secret, si ce n’est pas le surmon de votre beau-frère. Dans les classes supérieures, une marque de politesse consistait pour la femme à se lever quand était prononcé le nom d’un homme de sa belle-famille.

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